Anges et démons 1 : La communauté de l’Emmanuel, l’extrême droite et Vincent Bolloré !

Sommaire :

  1. Introduction
  2. La Communauté de l’Emmanuel
  3. Vincent Bolloré, la Communauté de l’Emmanuel et ses personnalités
  4. La Communauté de l’Emmanuel, l’extrême droite et les scandales
  5. Retour à l’évangile

Introduction :

J’ai choisi de rédiger cet article à la suite de nombreuses questions sur la Communauté de l’Emmanuel après la publication de mon interview avec le recteur de l’Université Catholique de l’Ouest et ancien modérateur de cette communauté :

Mon objectif est de présenter un phénomène qui prend de l’ampleur dans notre pays, à savoir un rapprochement entre l’extrême droite et une part des catholiques. Je tiens à préciser plusieurs choses avant que vous ne débutiez la lecture de cet article. Tout d’abord, il est primordial de rappeler que les intégristes ne représentent qu’une minorité des catholiques qui composent l’Eglise mais une minorité particulièrement active dans le paysage médiatique et au sein de l’institution ecclésiale. Une immense majorité de chrétiens sont ouverts d’esprit, proches du messages d’accueil inconditionnel des évangiles, à l’écoute de la souffrance des marginalisés et ne se retrouvent pas dans la vision du monde proposée par Eric Zemmour ou Marine Le Pen. J’ai la chance d’avoir découvert la foi chrétienne et son message d’amour inconditionnel à l’âge de 22 ans. Ma découverte de « Dieu », m’a profondément bouleversé et a changé à jamais mon rapport à la vie. J’ai été touché par cet amour inconditionnel pour tous, et c’est pour cette raison que je refuse que ce message soit instrumentalisé pour justifier des rejets ou des discriminations envers des minorités comme les musulmans, les migrants, les personnes de la communauté LGBT ou les femmes qui ont recours à l’avortement ! Nous sommes tous aimés inconditionnellement, et nous avons le devoir de nous aimer les uns les autres par-delà nos différences. Aimer une personne, c’est l’aimer pour ce qu’elle est et non pour ce que l’on aimerait qu’elle soit !

Pour terminer cette introduction, je tiens à préciser que je ne cherche pas à « stigmatiser » les membres de la Communauté de l’Emmanuel, mais à mettre en lumière certaines dérives qui ne font pas honneur à la religion catholique et à l’Eglise. Je suis convaincu qu’il y a des très belles personnes qui font partie de l’Emmanuel. J’ai demandé à un ami de m’écrire quelques lignes sur son expérience avec cette communauté : « La Communauté de l’Emmanuel a été très importante dans ma vie de foi. J’ai participé à de nombreux temps de louange avec eux ce qui m’a permis d’inscrire en moi une grande joie venue du Christ. Leurs messes joyeuses m’ont donné la possibilité d’être heureux d’aller à la messe. Pendant le premier confinement,, la Communauté proposait de petits temps d’échange en groupe via la visioconférence. Cela a été un grand réconfort pour moi. J’y ai trouvé des gens à l’écoute qui m’ont soutenu et porté dans la prière. »

Ce que je vais décrire dans les lignes qui vont suivre, n’est qu’un état des lieux des dérives de cette communauté. Je fais un rêve qu’un jour notre Eglise se lèvera et vivra pleinement la véritable réalité de son credo et du message de Jésus : « Aimer vous les uns les autres comme je vous ai aimés ! »


La Communauté de l’Emmanuel

J’ai choisi de commencer cet article par la présentation de cette communauté sur leur site officiel :

« La Communauté de l’Emmanuel est née dans l’élan du renouveau* de l’Église Catholique de la fin du XXe siècle. Elle a démarré par une assemblée de prière à Paris et a grandi rapidement en France et dans le monde. En 1992, la Communauté a été reconnue par le Saint Siège comme association publique de Fidèles, elle rassemble des prêtres, des consacrés, des familles et des célibataires qui témoignent de l’ecclésiologie de communion encouragée par le Concile Vatican II. Cet appel à vivre la complémentarité des états de vie pour la nouvelle évangélisation a conduit la Congrégation pour le Clergé à ériger, en 2017, l’Association Cléricale de la Communauté de l’Emmanuel (rassemblant les prêtres et les diacres), indissolublement liée à l’Association de Fidèles. »

*Le renouveau ou mouvement charismatique, est un courant spirituel qui est apparu dans les églises dites « traditionnelles » dans les années 1960 durant ce que l’on appelle une période de « réveils » c’est à dire « de redynamisation de la foi qui mettent l’accent sur la conversion personnelle et l’évangélisation ». Ce mouvement a commencé à Pittsburgh, lorsque des étudiants de l’université catholique de Duquesne, vivent une expérience « extraordinaire ». qu’ils vont appeler : « effusion de l’Esprit » ou « baptême dans l’Esprit Saint ». Ils racontent qu’ils auraient ressenti lors de cet évènement, une présence intense, et même sensible de l’amour de Dieu pour eux. Ils commencent alors à donner des paroles de prophétie et à parler « en langues ». Cette dernière caractéristique s’apparente à de la glossolalie (Selon le Larousse cela représente un « phénomène extatique, constaté dans de nombreuses religions et sectes religieuses anciennes et modernes, dans lequel le sujet émet une série de sons ou de mots dont les auditeurs ne peuvent saisir le sens sans le concours d’un autre sujet possédant le don de l’interprétation ». (Définition issue du journal « La Croix » du 02/06/2017). Cette expérience « charismatique » a rapidement conquis des milliers de Chrétiens, et des Français, devenus par la suite les fondateurs de communautés nouvelles, rapportent cette expérience atypique dans notre pays. Des groupes de prière se forment à partir de 1971, et donneront naissance à des communautés charismatiques, qui pour certaines, se sont bien établies dans l’Eglise (Emmanuel, chemin Neuf, Béatitudes, Puits de Jacob…), et pour d’autres ne se développeront jamais ou seront dissoutes (la Théophanie, le Pain de Vie, la Sainte-Croix…). Pour recevoir « l’effusion de l’Esprit », le croyant doit se préparer dans un long cheminement avant de se sentir apte à remettre sa vie à l’Esprit Saint. Il demande alors à ses « frères » du groupe de prière de prier pour lui afin qu’il reçoive l’Esprit. Dans un premier temps ce mouvement est perçu comme une réponse à la prière du pape Jean XXIII, et il sera reçu par Paul VI comme « une chance pour l’Eglise et pour le monde ». Ce mouvement propose une nouvelle manière d’être chrétien, en favorisant une égalité entre tous les laïcs dans la pratique des charismes (ou dons de Dieu comme la capacité de guérison des maladies, de recevoir des prophéties, de parler différentes langues ou encore la glossolalie) et de l’évangélisation. Mais il n’est pas reçu comme une chance par l’ensemble de la communauté des chrétiens. Certains y voient une surchauffe émotionnelle, et une pointe d’arrogance dans la croyance des membres du « Renouveau Charismatique » de pouvoir incarner l’avenir de l’Eglise. De graves dérives ont eu lieu dans ces nouvelles communautés, mais cela n’a pas empêché le « Renouveau Charismatique » de devenir un mouvement institutionnalisé avec des communautés importantes avec des évêques issus directement de leurs rangs. Texte tiré du site du journal « La Croix » « Le Renouveau charismatique, c’est quoi ? » du 02/06/2017 par Céline Hoyeau. https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/Le-Renouveau-charismatique-cest-quoi-2017-06-02-1200852062

La Communauté de l’Emmanuel en quelques chiffres :

  • 11500 membres
  • Implantation dans 60 pays
  • 275 prêtres et une centaine de séminaristes
  • 225 hommes et femmes consacrés dans le célibat
  • 10 évêques issus de la Communauté

En août 2017, la Congrégation pour le clergé a donné son accord pour que la Communauté de l’Emmanuel puisse constituer une association de prêtres. C’est un fait majeur car cela permet à l’Emmanuel d’incardiner elle-même des prêtres, qui n’ont plus besoin d’être rattachés à un diocèse.

Le journal Libération dans son enquête « A quels saints se voue la galaxie catho ? » de Bernadette Sauvaget publié le 14 octobre 2019 précise que « Créée en 1972, la communauté de l’Emmanuel incarne ce qu’on appelle les « tradismatiques », l’alliance idéologique entre les traditionnalistes et la mouvance charismatique qui a revivifié le catholicisme français dans les années 79 et 80. Portant un discours masculiniste, elle organise les camps Optimum destinés à « reviriliser » les hommes. »

Si vous voulez en apprendre plus sur ce concept de « tradismatiques », je vous conseille le très riche article de la Fondation Jean Jaures :


Vincent Bolloré, la Communauté de l’Emmanuel et ses personnalités

Dans les personnalités les plus connues de la Communauté de l’Emmanuel, on peut citer notamment Monseigneur Dominique de Rey, évêque de Fréjus-Toulon connu pour son « Catholicisme intransigeant ». Il incite dans sa ville à l’évangélisation sans concession des musulmans, à la pratique de la messe en latin et organise des camps de soutien à la masculinité. Dans le journal Le Point il déclarait « On est dans une société très maternisante, on a besoin de retrouver une identité masculine sinon on va avoir des bisounours ou des bourrins ». Il s’est fait connaître du grand public, grâce – ou à cause – à une invitation qui a fait grincer des dents une part des catholiques : celle de Marion Maréchal-Le Pen lors des « traditionnelles universités d’été de l’Observatoire sociopolitique du diocèse de Fréjus-Toulon ». Le journal Libération qualifie cette invitation de « certificat de respectabilité pour le Front national ». Cet événement vient en opposition avec la ligne de l’épiscopat française depuis trente ans. En 1985, le cardinal Decourtay, archevêque de Lyon avait affirmé l’incompatibilité qui existait entre le catholicisme et le FN. 10 ans plus tard, Jean-Marie Lustiger, cardinal-archevêque de Paris, avait dénoncé dans les propos de Jean-Marie Lepen sur « l’inégalité des races », « une résurgence du paganisme le plus cynique ». Monseigneur Olivier de Berranger, évêque de Saint-Denis, avait quant à lui déclaré que « Le FN est infréquentable ». Pour le journal Libération, grâce à cette invitation par Monseigneur Dominique de Rey, « le Front national est devenu fréquentable » et Marion Maréchal-Le Pen « devient l’extrême droite favorite d’une partie du catholicisme français, une partenaire pour certains. Et pourtant, quand il s’agit d’immigration, d’accueil des étrangers, d’ostracisme, de catastrophisme, quand il s’agit de caricaturer et de stigmatiser, ses positions sont l’inverse même de celles de l’épiscopat ». Monseigneur Dominique Rey a également fait parler de lui lors des débats pour l’ouverture du mariage aux personnes homosexuelles. Militant pour La Manif pour tous, il a écrit un ouvrage intitulé « Attirance homosexuelle, Accompagner les personnes » dans lequel il explique comment « aider » les personnes qui ont cette « attirance » à devenir « chastes ». Extrait de la 4ème de couverture du livre : « Accueillir telles qu’elles sont les personnes qui éprouvent une attirance homosexuelle, les aimer sans les juger ni les condamner, les accompagner sur le chemin de la chasteté à la suite du Christ […] offrir un soutien spirituel et amical inconditionnel aux personnes, tout en les aidant à mettre en pratique l’enseignement libérateur du Christ et de l’Eglise sur la chasteté ». Il est également l’un des grands artisans de la venue en France de la tristement célèbre association Courage qui prône la chasteté pour les gays, nous en reparlerons dans la suite de cet article.

Dans le journal Le Monde du 20 novembre 2021, un gros dossier a été consacré sur la vie de l’homme d’affaires Vincent Bolloré. Pour ceux qui ne le connaissent pas, il s’agit d’un milliardaire français et propriétaire de médias comme Canal+, Europe 1 ou encore Cnews, accusé par la justice française de corruption dans l’affaire de la présidentielle en 2010 de Faure Gnassingbé au Togo. C’est un ami proche de M.Sarkozy et de M.Zemmour, il y aurait beaucoup de choses à dire sur les agissements de cet homme au niveau de la politique française mais restons en au lien avec la Communauté de l’Emmanuel. Le 8 octobre 2018, le journal La Croix publiait un article « Vincent Bolloré rachète l’hebdomadaire France Catholique« . Ce petit journal catholique voué à disparaitre avant son rachat, va devenir par la suite un vecteur de communication pour une partie de l’Eglise dite « traditionnelle ». Comme le déclare le journal Le Monde, « La rédaction de France Catholique participe désormais à plusieurs émissions de CNews comme ce 31 octobre où à côté d’Ivan Rioufol, une de ses journalistes est restée muette tandis que Renaud Camus déclinait sa théorie xénophobe du grand remplacement ». Vincent Bolloré à choisi de placer à la tête de cet hebdomadaire Aymeric Pourbaix et c’est ici que le lien avec la Communauté de l’Emmanuel peut commencer. Dans l’article du journal Le Monde que j’ai cité précédemment, il est précisé que Aymeric Pourbaix « commente régulièrement des messes, dont celle du très conservateur évêque de Toulon » qui n’est autre que Monseigneur Dominique Rey de la Communauté de l’Emmanuel. Aymeric Pourbaix a confié au journal « Le Monde » que l’évêque Rey dine avec Vincent Bolloré « chaque été ». » Le dimanche 15 août 2021, la chaîne C8 propriété de Vincent Bolloré, a diffusé pendant douze heures des programmes religieux pour célébrer l’Assomption (source : Libération). La messe était celle de Dominique Rey suivi d’un long métrage américain anti-avortement très décrié lors de sa sortie « Unplanned ». Grâce au journal The World News, on apprend que « Le grand patron Vincent Bolloré est surtout « sincèrement inquiet » pour la France, selon plusieurs sources qui le disent soucieux d’en freiner la déchristianisation. « Pour lui, une certaine vision de l’homme est aujourd’hui menacée », croit savoir Monseigneur Dominique de Rey, évêque de Fréjus-Toulon, qui le voit régulièrement. Est-ce pour cela qu’il étend, depuis la fin des années 2000 son contrôle sur les médias ? C’est en tout cas ce qu’espère une partie de la droite catholique. « Vincent Bolloré a créé un contexte où il est redevenu possible d’exprimer et même de promouvoir des convictions et des références chrétiennes à la télévision, poursuit avec bienveillance l’évêque de Toulon. Il permet de remettre de la transcendance là où elle avait disparu ».

Sur le site France inter, un podcast intitulé « Le Monde enquête sur Vincent Bolloré », on peux lire « L’importance de la sphère catholique qui entoure Vincent Bolloré », « Il l’a rendue publique depuis très longtemps. CNews est devenue l’un des porte voix du catholicisme français. Les mots qu’emploie Vincent Bolloré ressemblent à une croisade. La défense de l’Occident chrétien, c’est cela en partie. Il a la volonté de défendre une culture, une religion, comme si elle était assiégée. C’est bien l’idée des croisées. » J’ai également écouté le podcast sur l’enquête menée par Ariane Chemin et Raphaëlle Bacqué et voici ce que j’ai pu entendre : « Vincent Bolloré proclame sa foi, il la porte même en étendard depuis très longtemps » « Au delà de la foi, Vincent Bolloré s’est tricoté un petit diocèse à lui, comme des abbés de cours, comme les aristocrates en avaient parfois autour d’eux. Ce sont effectivement des religieux très « tradis », comme on dit dans l’Eglise, qui d’ailleurs sont un peu en « électrons libres » dans l’Eglise catholique. On a d’abord l’abbé Grimaud, un abbé très « tradi » que Vincent Bolloré a mis à la tête de son foyer Don Bosco, de ses œuvres charitables, qui est un véritable directeur de conscience. Il a beaucoup d’importance pour Vincent Bolloré. Il y a aussi Guillaume Seguin, puis Aymeric Pourbaix qui dirige France Catholique le journal que Vincent Bolloré a racheté. Aymeric Pourbaix est devenu la voix de l’Eglise Catholique sur CNews, d’une Eglise tout à fait particulière, très militante, anti avortement, qui au moment du rapport sur les abus sexuels a refusé d’en parler et a signé un éditorial qui laisse entendre qu’il y a un complot pour déstabiliser l’Eglise Catholique derrière ce rapport ». « Vincent Bolloré présente Eric Zemmour à l’abbé Grimaud » […] « coup de foudre entre les deux hommes entre ce juif pratiquant et ce catholique intégriste » « Zemmour dit souvent qu’il est juif et chrétien, pour lui la croisade est commune » « C’est face à l’abbé Grimaud que Vincent Bolloré va proposer une émission quotidienne à Eric Zemmour » […] »C’est ce qui va faire, ce qui va terminer de propulser dans la sphère politique Eric Zemmour ».

Si je m’intéresse autant à Vincent Bolloré, c’est parce que ce milliardaire breton à la tête de Vivendi (c’est à dire Canal+, C8, CNews, mais également à la tête d’un grand groupe de presse magazine Prisma. Il est également en train d’avaler les médias de Lagardère à savoir Europe 1, Paris Match et Le Journal du Dimanche. De quoi contrôler le paysage médiatique français…), n’est jamais loin des milieux « traditionnels » catholiques. Je tiens également à vous faire part d’une information qui devrait intéresser les parents ou futurs parents : Vincent Bolloré opère également une mainmise sur le monde de l’édition. Dans l’émission « Concentration des médias : on est rentrés dans un cercle vicieux » du média Arrêt sur images, Arié Alimi indique qu’en détenant le groupe Hachette, l’homme d’affaires prendrait alors le contrôle d’une grande partie des manuels scolaires. Pour lui, « Avec les manuels scolaires, on peut transformer les esprits de demain ». Lors de cette même émission, l’un des intervenants précise que « La dimension religieuse est toujours présente dans la démarche politique de Bolloré ». En d’autres termes, il est obligatoire d’aborder le « cas » Vincent Bolloré pour comprendre qui sont les communautés religieuses qui « gravitent » autour de lui, et donc par conséquent, autour des idées de l’extrême droite. Si vous souhaitez en apprendre davantage sur cet homme, je vous conseille de regarder les vidéos du média Blast sur cet homme et notamment « Médias, éditions : comment résister à Vincent Bolloré ». Pour lutter contre la concentration des médias et l’influence de Vincent Bolloré dans notre pays, le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 afin « de créer un débat public sur les dangers extrêmes de cette concentration et de l’utilisation des sources d’édition à des fins idéologiques ».

Pour découvrir leur appel :

https://www.stopbollore.fr/Notre-appel

Revenons au sujet qui nous intéresse aujourd’hui, à savoir la Communauté de l’Emmanuel.

Toujours dans le journal Le Monde du samedi 20 novembre 2021, nous pouvons lire : « Vincent Bolloré tricote une paroisse miniature parmi les « tradis », qui joue par le biais des médias, un rôle très politique. Dimanche 25 juillet, près de Fouesnant, Vincent Bolloré a embarqué plusieurs hommes d’Eglise pour dire la messe à 11h sur son île de Glénan. Parmi eux, Guillaume Seguin, un prêtre du diocèse de Paris, ancien aumonier des écoles privées parisiennes Stanislas et Saint Jean de Passy, mais qui dine régulièrement avec le capitaine d’industrie et l’un de ses référents catholiques. « Bolloré est un homme conscient de son héritage chrétien, explique Guillaume Seguin, inquiet du déclin de l’Eglise et que j’ai toujours vu s’interroger sur son salut ». L’abbé Seguin est l’un des trois ecclésiastiques à l’origine du padreblog. « Il y a une dizaine d’années déjà, il nous avait aidé avec un chèque pour le championnat de France de Karting des prêtres » raconte l’abbé Pierre Amar. Plus récemment, Vincent Bolloré a accepté d’animer une conférence destinée aux anciens élèves des prépas de Saint Jean de Passy. Thème : « Etre un patron, avoir la foi ». «  Je passe sur le fait que le patron de CNews, ami de Nicolas Sarkozy et d’Eric Zemmour, paye des séances « karting » à des hommes d’Eglise. Je passe également sur le fait que de nombreux médias, à l’instar de Libération, dénoncent les pratiques de Vincent Bolloré comme un danger pour la démocratie malgré le fait que certains prêtres clament « son attachement à ses racines chrétiennes ». Je passe enfin sur ce décalage entre nos lois sur la laïcité et ce « copinage » qui mélange hommes médiatiques, hommes politiques et hommes de foi. Ce qui m’intéresse dans la suite de ce paragraphe, c’est ce site tenu par des prêtres dont parle l’article du journal Le Monde. Le padreblog est, selon leur site, « La voix franche, directe et réactive de plusieurs prêtres sur l’actualité. Une voix d’Eglise parmi tant d’autres, fidèle mais différente, peut-être parce qu’incarnée dans une parole de prêtres de terrain ». Le journal L’Obs publiait un article le 25 janvier 2017 « Jeunes prêtres « cool » d’une Eglise dure, ils exaltent La Manif pour tous à propos du padreblog, et voilà ce qu’ils en disaient « Ils sont avides de repères, intransigeants face au monde moderne, avec l’idée que les libertés doivent s’inscrire dans la vérité substantielle », selon Philippe Portier, « ils sont paradoxalement modernes sur la forme, actifs sur les réseaux sociaux et naviguent parmi les groupes de prière, pas forcément reliés à leur traditionnelle paroisse. » Si je me suis intéressé de près à ce blog, c’est à cause d’un article du site Aleteia intitulé « Le padreBlog fait sa rentrée avec une équipe largement renouvelée » publié le 01/10/2021 par Bérengère Dommaigné. On peut lire dans cet article que « Pendant cette décennie, plusieurs prêtres sont venus enrichir l’équipe, à la suite ou en alternance avec les trois prêtres d’origine. Et aujourd’hui pour la rentrée 2020, ce sont dorénavant les pères Jean-Baptiste Bienvenu, Grégoire Sabatié-Garat et Jean-Baptiste Siboulet qui seront actifs sur ce réseau qui compte outre une chaine YouTube, des pages sur les principaux réseaux sociaux. Mais le nouveau trio sera un quatuor puisque l’abbé Pierre Amar reste également dans l’équipe. » Je pense que vous avez compris où je voulais en venir. À votre avis, de quelle communauté proviennent ces trois nouveaux « blogueurs » ? Il y a tout d’abord le père Grégoire Sabatié-Garat qui a été ordonné en 2020 dans le diocèse de Versailles et qui n’est pas rattaché à une communauté en particulier. Nous avons ensuite le père Jean-Baptiste Bienvenu qui est prêtre du diocèse de Versailles et membre de la communauté de l’Emmanuel (Source : le site officiel de la Communauté de l’Emmanuel) qui est désormais le nouveau responsable et coordinateur du PadreBlog. Enfin, le troisième rédacteur de ce blog, est le père Jean-Baptiste Siboulet qui « a été ordonné en 2017 pour le diocèse de Nantes et est prêtre de la communauté de l’Emmanuel. Il est actuellement en ministère paroissial à Aisnières/Bois-Colombes pour le diocèse de Nanterre. » (Source : le site Aleteia). Vous vous en doutez, il y a un enjeu énorme à être à la tête d’un média comme le PadreBlog pour la Communauté de l’Emmanuel. En effet, comme l’indique le journal La Croix dans l’article « Le PadreBlog, une autre voix pour l’Eglise », « plus de 30 000 fans de leur page facebook, 14 000 abonnés au fil twitter, 10 000 followers sur Instagram ». Des chiffres conséquents qui illustrent la portée et la visibilité de ce blog de prêtres. En plaçant à la tête de ce média un jeune prêtre issu de la Communauté, l’Emmanuel s’assure un vecteur de communication puissant pour sa doctrine et sa vision de la foi. Je suis allé regarder attentivement le contenu que propose PadreBlog et je n’ai pas été surpris de retrouver les valeurs de l’Emmanuel et des catholiques traditionnels. Je me suis dans un premier temps arrêté sur un article en réponse à la vidéo tiktok du père Matthieu (que je vous conseille d’aller regarder) qui évoquait que l’homosexualité n’était pas un problème dans la Bible et pour l’Eglise. L’article « Retour sur une vidéo » publié le 28 août 2021 par Abbé Pierre Amar, explique que « Bien sûr, ce n’est pas la première fois (ni la dernière !) que des prêtres disent des erreurs. Seul le pape est infaillible, et encore seulement quand il enseigne solennellement la foi et la morale en communion avec les évêques du monde entier. » […] « Plus sérieusement la doctrine catholique reste la doctrine catholique. Et en ce domaine nous avons une boussole fiable et précieuse : le Catéchisme de l’Eglise catholique. » […] « On le voit, ce qui n’était au départ qu’une affaire de vidéos, nous oblige à nous positionner : être catholique, ce n’est pas faire son marché, choisir ceci et refuser cela. Le Christ lui-même était clivant, et nous sommes tous invités à recevoir la doctrine catholique dans son ensemble » […] « Un discours qui ne change pas (n’en déplaise à certains chrétiens, voire à certains prêtres) car la vérité ne change pas. » On retrouve ici un rapport « strict » à la doctrine de l’Eglise, et un refus assumé d’ouvrir la voie à une plus grande acceptation des personnes de la communauté LGBTQIA+. En revanche, le padreBlog est « souple » lorsqu’il s’agit de passer sur la chaîne CNews, rendue célèbre par le polémiste Eric Zemmour qui avait tenu les propos suivants sur les mineurs étrangers isolés le 29 septembre 2020 en pleine émission « Ils n’ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont, il faut les renvoyer ! » En effet, le 7 mars 2021, sur l’émission « En quête d’esprit », la chaîne CNews a profité de son sujet « La présence toujours plus importante des écrans dans nos vies » pour faire un reportage sur les coulisses de PadreBlog. On y découvre des prêtres souriants et jeunes, expliquant l’objectif et la raison d’être du site. Je ne suis pas certain que le Pape apprécierait de savoir que ses hommes d’Eglise servent les intérêts de ce genre de médias. En remontant les articles du PadreBlog jusqu’en 2014, je suis tombé sur cet article « En lisant Zemmour » dont la lecture méritait bien les quelques minutes que j’ai perdues à « scroller » leur contenu. Publié le 3 novembre 2014, cet article de l’Abbé Antoine Roland-Gosselin est un retour de lecture du prêtre sur le livre « Le suicide français » d’Eric Zemmour. Si vous n’avez jamais entendu parler de ce livre, je vous conseille la vidéo sur YouTube « Vif échange entre Eric Zemmour et Léa Salamé au sujet de Vichy » dans laquelle Léa Salamé critique l’œuvre de M. Zemmour car il réhabiliterait, selon elle, le régime de Vichy. C’est sur ce livre que l’Abbé Roland-Gosselin a décidé de faire son article. Voici ce qu’il en dit : « Retenons plutôt que, comme toujours avec Zemmour, c’est bien écrit, alerte et un brin sarcastique. Le lecteur apprend une multitude de faits de notre histoire récente, on tape sur les « élites »… Bref, le lecteur ressort plutôt satisfait. C’est d’ailleurs mon cas ! » […] « La conclusion est imparable : « La France est morte ». Comment réagir en tant que catholiques face à cette conclusion ? » […] « la nostalgie :  » Vivement le retour d’un Roi chrétien ! « . Il s’agit là d’une réaction qui peut être envisagée sur le plan institutionnel. Au fond, la démocratie est un mode de gouvernement : d’autres modes sont possibles. » […] « Le catholique doit être acteur de la vie de son pays, se préoccupant et s’intéressant à l’actualité de celui-ci. Nous n’avons pas deux patries : le Vatican et la France. Nous n’avons qu’une seule patrie : la France, et c’est ce pays qui nous est donné pour qu’en ce lieu nous annoncions le salut en Jésus-Christ et que nous mettions en œuvre des moyens, y compris politiques, pour travailler au bien commun. » On a donc ici un prêtre, qui représente l’institution catholique et qui est porteur du message d’amour de Dieu pour l’humanité, qui s’accorde sur les positions d’Eric Zemmour et sur sa doctrine. Un polémiste qui considère pourtant que les employeurs « ont le droit de refuser des Arabes et des Noirs » (phrase prononcée le 6 mars 2010 sur France O), que « Tous les musulmans, qu’ils le disent ou qu’ils ne le disent pas » considèrent les djihadistes comme de « bons musulmans » (sur le plateau de C à vous le 6 septembre 2016), qui est « philosophiquement favorable » à la peine de mort (sur le plateau de Jean-Jacques Bourdin le mercredi 15 septembre 2021). On est loin du message d’amour inconditionnel proposé par Jésus dans les évangiles. Je suis également affligé de voir un « climatoscepticisme » implicite enfoui derrière une confiance totale (ou aveugle) à Dieu. J’ai fait le tour des nombreuses vidéos proposées sur leur site, et le nombre de contenus qui parlent de la crise climatique à laquelle nous devons faire face est infime. De plus, comme le démontre la vidéo « Trois clés pour comprendre l’effondrement du monde » du Père Jean-Baptiste Siboulet du 2 décembre 2021, nous n’avons pas à nous inquiéter de ce qui arrive car tout cela a été annoncé par Jésus lorsqu’il évoquait « l’annoncement de la fin du monde ». Pour le père Jean-Baptiste Siboulet de la Communauté de l’Emmanuel : « Dieu attend la fin du monde pour faire le tri entre le bon grain et le mauvais grain » […] « Dieu permet parfois que notre vie tombe en ruine pour que nous n’attendions de secours que de lui et pas de secours mondains, superficiels terrestres ». Il n’y aucune invitation a protéger le vivant ou à tout mettre en œuvre pour contenir le réchauffement climatique. La seule recommandation du père Siboulet est « d’aimer ». Je suis d’accord que nous devons remettre l’amour au cœur de nos vies, mais ce n’est pas ça qui va endiguer la fonte des glaces, la déforestation ou le réchauffement de la planète. Il nous recommande de regarder « ce monde comme étant dans un état d’enfantement » […] « Nous devons traverser une épreuve finale avant l’arrivée du Christ ». Autrement dit, surtout n’agissons pas car tout ceci est le projet de Dieu pour nous. Je suis chrétien et écologiste convaincu. Ce type de discours n’invite pas la jeune génération de catholiques à agir face à l’urgence climatique mais à regarder cet effondrement du vivant comme l’avènement d’un monde meilleur. Je ne voudrais pas offenser le père Siboulet, mais avec un réchauffement prévu à +3 degrés selon le dernier rapport du GIEC pour la fin du siècle, la possibilité d’un monde meilleur s’amoindrie de jour en jour. Par soucis d’honnêteté intellectuelle, je tiens à préciser que l’abbé Grosjean a publié en 2015 un article sur l’encyclique du Pape « Laudato si », mais cela me paraît insuffisant pour un blog qui publie du contenu tous les jours à destination des chrétiens. J’aurais pu citer d’autres articles qui m’ont interpelé comme « Agir en chrétien » de l’abbé Grosjean sur l’importance de La Manif pour tous pour défendre « les plus fragiles » comme « les enfants qui seront privés de la complémentarité père/mère » ; « Imposture du gender : un prof de Bio témoigne » de l’Abbé Pierre-Hervé Grojean qui rejette la théorie du genre ; ou encore « Régresse éthique en marche » critiquant la loi sur la PMA. Chacun se fera son propre avis, mais la doctrine proposée par la Communauté de l’Emmanuel sur ce blog ne correspond pas à ma vision de l’amour inconditionnel que nous sommes tous invités à vivre grâce à Dieu.

Je tiens également à parler d’une autre personnalité de la Communauté de l’Emmanuel, Monseigneur Le Saux évêque du Mans. Le site d’investigation Médiapart a révélé dans une enquête « Vingt-cinq évêques ont couvert des abus sexuels » l’ensemble de l’omerta qui régnerait dans l’Eglise française au sujet de la pédophilie. Les agissements de 32 agresseurs – des prêtres, religieux ou laïcs – accusés d’abus sexuels sur mineurs auraient été couvert en France et à l’étranger. En 2017, RTL publie sur son site internet un article dans lequel sont cités les noms des 5 évêques encore en activité à cette date figurant dans les révélations de Médiapart. Parmi eux, le nom de l’évêque issu de la Communauté de l’Emmanuel, Monseigneur Le Saux. Je vous propose de lire l’extrait de cet article : « Dans le diocèse du Mans, Monseigneur Yves Le Saux n’a pas pris la mesure d’un courrier envoyé par la famille d’une victime en 2010. Sous sa responsabilité, le père Max de Guibert a continué d’encadrer des groupes de jeunes dans la Sarthe. « Je ne connais le dossier qu’à partir de mon arrivée », s’est défendu Yves Le Saux lors d’un entretien avec Mediapart, en novembre dernier à Lourdes. « Déjà avant moi, il avait été mis hors ministère », a précisé le prélat, assurant que la famille à l’origine de la lettre « ne voulait pas porter plainte ». Ce n’est qu’en 2015 que la justice est saisie. Aujourd’hui, le prêtre est mis en examen. Il doit faire face à une dizaine de plaintes pour viols et agressions sexuelles sur mineurs. »

La Communauté de l’Emmanuel a rapidement compris qu’il fallait être visible dans notre société pour perdurer et accroitre son influence. À l’instar de Monseigneur Rey homme de culture, la Communauté s’entoure de personnalités célèbres comme l’acteur Michaël Lonsdale, figure emblématique de la Communauté de l’Emmanuel comme le précise La fondation Jean Jaures.

Pour accroitre son rayonnement sur la scène nationale et internationale, la Communauté de l’Emmanuel possède sa propre maison d’édition Éditions Emmanuel qui propose des livres en lien avec le dogme de la Communauté. Elle est également présente dans le monde de la musique chrétienne avec « Les chants de l’Emmanuel » qui est un corpus de plus de 1000 pièces, ce qui en fait un répertoire de chants chrétiens international et mondialisé. Des écoles ont aussi été fondées pour éduquer les nouvelles générations à la foi proposée par la Communauté. Il ne manquerait plus qu’un enracinement dans l’enseignement supérieur…


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Vous êtes plus de 2500 personnes à avoir ouvert cet article sur la Communauté de l’Emmanuel, je suis vraiment heureux que ce travail de recherche puisse vous servir ! Il s’agit de mon article le plus lu, ce qui est logique par rapport à la quantité de travail qu’il m’a demandé.

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La Communauté de l’Emmanuel et les scandales

Abus sexuels et omerta

Un prêtre de la Communauté de l’Emmanuel a été suspendu en 2019 de ses fonctions de curé de la paroisse de Saint-Hélier par l’évêque du Mans, Monseigneur Yves Le Saux pour des « comportements inappropriés vis-à-vis de femmes majeures » selon le site France Bleu. Sur le site Riposte Catholique, l’évêque déclare le samedi 7 décembre 2019 : « En lien étroit avec Monseigneur Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes (et oncle de Charlotte Ornellas, chroniqueuse de CNews et journaliste du journal d’extrême droite Valeurs actuelles) et en accord avec les responsables de la Communauté de l’Emmanuel, j’ai décidé l’ouverture d’une enquête canonique concernant le père Benoît Moulay, prêtre du diocèse du Mans et membre de la Communauté de l’Emmanuel, en raison de son comportement inapproprié vis-à-vis de femmes majeures. En attendant, les conclusions de cette enquête, j’ai pris le 2 décembre 2019 des mesures conservatoires parmi lesquelles le départ de la paroisse où il était en mission et la suspension provisoire de tout ministère public. A ma demande, le père Benoît restera le temps nécessaire à l’écart dans un lieu adéquat, où il pourra réfléchir et bénéficier d’un suivi psychologique. »

Autre affaire qui a fait couler beaucoup d’encre, celle de l’invitation par le père Paul de la Morinière – Recteur de l’Eglise français de la Trinité des Monts, et prêtre de la Communauté de l’Emmanuel – de la délégation lyonnaise des amis du cardinal Philippe Barbarin célèbre malgré lui pour le film « Grâce à Dieu » qui dénonce le silence et la non-dénonciation du cardinal au sujet des agressions sexuelles commises par le prêtre Bernard Preynat, condamné en mars 2020 à cinq ans d’emprisonnement. En pleine affaire « Barbarin », le père Paul de la Morinière l’a invité pour inaugurer l’entrée de son portrait dans l’Eglise de la Trinité des Monts à Rome. Petit rappel qui a son importance, « Par un accord en date du 25 juillet 2016 entre l’état Français et le Saint-Siège, le domaine de Trinité-des-Monts, jusqu’alors sous la responsabilité des Fraternités Monastiques de Jérusalem a été confié à la Communauté de l’Emmanuel ».

Camps de revilirisation des hommes

Dans une société qui tente d’installer une égalité entre les hommes et les femmes à la suite du mouvement « metoo », de promouvoir l’acceptation de la singularité et de la sensibilité de chacun, de permettre aux hommes d’assumer leur part de sensibilité, la Communauté de l’Emmanuel propose des camps Optimum qui tentent d’apprendre aux hommes ce que c’est d’être un homme. Dans un article du journal Le Monde que l’on retrouve sur le site officiel Optimum, il est précisé que « Patronnés par l’évêque de Toulon, Monseigneur Dominique Rey, les camps « Au cœur des hommes » (camps similaires à « Optimum »), à la Sainte-Baume, fonctionnent depuis l’automne 2014. Selon Clément Lescat, laïc de 40 ans qui en est le cofondateur, ils permettent de « décapsuler » les participants. « Il s’agit de leur faire prendre conscience des désirs profonds de leur cœur d’homme, spécifiquement masculins, que sont l’aventure à vivre, le combat à mener et la belle à conquérir. »

Pour Gabriel Morin, membre de la Communauté de l’Emmanuel et l’un des organisateurs des camps Optimum en France, « La peau de l’homme est plus épaisse que celle de la femme, comme si sa peau le préparait à affronter l’extérieur et les travaux rudes. Aujourd’hui, beaucoup d’hommes suivent leur femme à l’église et ils ne se sentent pas suffisamment rejoints comme homme par l’Eglise ». Dans un article du journal Le Monde « Des catholiques veulent rendre à l’Eglise sa virilité » rédigé par Cécile Chambraud et Nathalie Brafman, on retrouve le paragraphe suivant « L’effacement des communautés masculines pour les laïcs, l’omniprésence des femmes dans la vie paroissiale, des homélies jugées « asexuées », une liturgie post-concile Vatican II et ses cantiques qualifiés de trop « sucrés », tout cela contribue selon eux à « une féminisation de la vie en Eglise ».

Résultats, voilà les retours que font les participants de ces camps Optimum :

« Je vais peut-être apporter un peu plus la force et la raideur de temps en temps, et ma femme plus la souplesse dont auront besoin les enfants aussi ».

« Mon fils 3 ans a fait du vélo pour la première fois hier, c’est avec moi qu’il l’a fait. J’essaye de pousser mes enfants à dépasser leurs limites et à aller un peu plus loin. Ma femme apporte autre chose comme de l’affection ou du réconfort. »

Samuel a été marqué par une image : « L’homme va être plus dans la force brute et physique. L’image de la maison c’est très bien, l’homme il va monter les murs et les trucs très physiques. Et la femme elle va rendre ça beau et habitable. »

Guérisons des homosexuels

Bessma Sikouk pour le journal Le Monde du 5 octobre 2021 « Les thérapies de conversion sont un ensemble de pratiques qui ont pour objectif de modifier l’orientation sexuelle ou l’identité sexuelle d’une personne. D’abord nées aux Etats-Unis à la fin des années 1970, elles se sont peu à peu répandues en Europe. Elles visent à « guérir » les personnes homosexuelles, bisexuelles ou lesbiennes en les « convertissant » à l’hétérosexualité. Un expert de l’Organisation des Nations unies les considère comme des actes de torture. Concrètement, elles peuvent se traduire par plusieurs modes d’actions : 1) biologique, les adeptes des thérapies de conversion assimilent la diversité sexuelle à une maladie qu’il faudrait soigner en administrant des médicaments, des hormones ou des traitements stéroïdes 2) psychothérapeutique, les personnes sont contraintes d’être suivies psychologiquement, afin de leur permettre de comprendre ce qui dans leur passé les a rendues « malades » 3) confessionnelle, la « guérison » est prônée par l’abstinence, le célibat et par la suivi de certains préceptes spirituels. En France, ces thérapies de conversion prennent généralement la forme de groupes de parole, de séminaires ou de confessions, souvent dans un contexte religieux. Les associations « Courage France » ou « Torrents de vie » organisent ainsi des séminaires « d’accompagnement ». Les personnes qui subissent ces thérapies peuvent garder de nombreuses séquelles psychologiques et physiques, entrer en dépression ou, dans le pire des cas, se suicider. »

Comme l’a indiqué la journaliste, différentes associations sont accusées de pratiquer ces « thérapies de conversion » avec pour objectif de soigner les personnes homosexuelles. Parmi elles, on retrouve l’association Courage, fondée aux Etats-Unis en 1980 par le père John Harvey qui jugeait l’homosexualité « contre-nature » et voulait « soigner l’identité sexuelle ». Elle est depuis quelques années enracinée en France par le biais de la Communauté de l’Emmanuel et de l’évêque de Fréjus-Toulon, Monseigneur Dominique Rey. (Source : « Dieu est amour », publié en 2019 par Jean-Loup Adénor et Thimothée de Rauglaudre). En explorant le site Courage, je suis tombé sur cette citation de Dominique Rey à propos de la mission de cette association : « Le mérite de l’apostolat Courage réside dans le fait qu’il a su, depuis près de 40 ans maintenant, proposer un soutien spirituel aux personnes ressentant une attirance pour le même sexe, sans juger ni condamner, tout en demeurant fidèle au magistère de l’Eglise sur la chasteté. Ces désirs homosexuels, non choisis, ne constituent en aucun cas une identité : on est d’abord homme ou femme, enfant bien-aimé de Dieu, appelé à la sainteté. Les groupes de soutien aux personnes qui ressentent une attirance pour le même sexe doivent être encouragés. Courage nous redit que la chasteté, rendue possible par la rédemption du Christ, est une vertu libératrice et une source de joie. » À la lecture de ces quelques lignes, on pourrait être tenté de se dire que ces groupes de soutien sont finalement loin d’être « dangereux » pour les personnes qui y participent. Malheureusement pour la Communauté de l’Emmanuel, deux journalistes – Jean-Loup Adenor et Timothée de Rauglaudre – ont infiltré ces groupes et leur constat est édifiant. Comme le dévoile Le Huffingtonpost dans son article « Les thérapies de conversion, encore plus pernicieuses en France qu’aux Etats-Unis », les structures françaises ne sont pas aussi visibles que leurs modèles américains, mais les ravages sont bien là. Comme ils l’indiquent dans leur livre « Dieu est Amour », « il faut détecter derrière les mots « restauration », « unification » et « réconciliation » qui caractérisent certains parcours, les méthodes violentes empruntées à leurs cousines d’outre-Atlantique. » « Leurs intentions sont « fraternelles », ils sont des « soutiens », « des oreilles attentives » pour des personnes « à la sexualité blessée ». Le terme « homosexualité » n’est jamais prononcé, on lui préfère les mots « pulsions », « désirs » ou « tentation ». Il est très difficile d’avoir des informations sur les contenus de ces « accompagnements », et c’est pour ces raisons que l’un des deux journalistes s’est fait passer pour un jeune homosexuel en recherche de réponses. Il est important de préciser que ces chrétiens pensent bien faire et sont empreint d’une charité qui, comme le précise le journaliste, illustre bien l’adage de « l’enfer pavé de bonnes intentions ». « Il n’y a ni motivation financière, ni discours volontairement homophobe, ni outrance, ni rejet dans ces groupes qui veulent accueillir comme le Christ accueille. Mais le postulat de base de leur existence reste le même qu’aux Etats-Unis : l’homosexualité est une maladie ». Derrière l’accueil chaleureux et bienveillant des personnes, l’homosexualité est rapidement expliquée comme le fruit du démon par les accompagnateurs. « Il n’y a aucune compétence psychologique. Ils jouent aux apprentis sorciers, sortent des traumatismes. Et ensuite la personne se retrouve seule chez elle au bout de quelques jours avec seule la prière pour l’aider. Cela peut amener au suicide ou à des dépressions très longues. » « Et si les attirances homosexuelles persistent alors l’abstinence est requise tout au long de sa vie. L’homosexuel est alors le nouveau héros chrétien, le martyre, dont les pulsions sont le sacrifice ». La Communauté de l’Emmanuel est citée dans cet article : « L’Emmanuel par exemple rassemble chaque année à Paray-Le-Monial des milliers de chrétiens. En 2017, plus de 30000 pèlerins ont investi cette petite commune de Saône et Loire. Familles et jeunes, ils adhèrent à cette façon plus joyeuse et moderne de pratiquer la foi. Et la communauté « fournit plus de 10% des nouveaux prêtres ordonnées chaque année en France », précise Timothée de Rauglaudre. A côté de cette effusion chrétienne, les groupes évangélistes très prosélytes se développent également. En France, une église évangélique naît tous les dix jours, selon des statistiques de 2017. « C’est le courant religieux qui progresse le plus après l’islam sur notre territoire. Ces églises et courants accueillent en leur sein « Torrents de Vie » et « Courage ». En 2015 et en 2017, l’Emmanuel ouvrait les portes de sa session d’été aux responsables de « Courage France » et « Courage Paris » et en fait régulièrement la promotion sur son site. L’idée selon laquelle, l’homosexualité est une sexualité blessée se renforce ».

Face aux critiques qui entourent les actions du groupe Courage, le très conservateur Marc Aillet – évêque de Bayonne – avait annulé deux réunions en 2018 de ce groupe qui prône la chasteté pour les gays. (Source Libération « L’évêque de Bayonne lâche l’asso catholique ultraconservatrice Courage »).

Je suis sensible à ce sujet des « Thérapies de conversion » depuis que j’ai rencontré Jean-Michel Dunand, qui est devenu un ami proche et l’auteur de la préface de mon livre autobiographique « Ressentir et comprendre : un chemin vers l’amour inconditionnel » dans lequel je relate ma conversion à la foi chrétienne à l’âge de 22 ans et mon parcours de vie dans son ensemble. Pour guérir son homosexualité, un groupe chrétien lui a fait subir 8 exorcismes pour « enlever le démon de l’homosexualité de son corps ». Cet acte de torture l’a amené à ressentir un profond dégoût de sa sexualité et de son corps, allant jusqu’à une tentative de suicide. Je vous propose de découvrir son témoignage avec le lien ci-dessous :

« Ce qu’il faut rappeler, ce qu’il faut redire absolument, c’est que ces thérapies de conversion ne marchent pas : ni par la prière ni par la pseudo psychologie. On ne devient pas hétérosexuels en sortant de ces thérapies », insiste Jean-Loup Adenor. « Les groupes en France qui ont investi ces questions-là de sexualité font des choses qu’ils ne comprennent pas. Et c’est très dangereux ». Certains dirigeants américains ont ainsi, des années après les débuts des premières thérapies de conversion aux Etats-Unis, fait publiquement part de leurs excuses sur les violences et les souffrances causées. Propos qui en France, racontent les deux journalistes infiltrés, mettent très mal à l’aise les pasteurs de « Torrents de Vie » et « Courage » qui s’inspirent encore aujourd’hui de leurs homologues outre-Atlantique et continuent de proposer leurs sessions ». (Source Huffingtonpost)

Les gouvernements commencent à mettre en place des mesures législatives pour criminaliser ces pratiques, mais le silence de l’Église sur ces questions favorise l’extension de ces « accompagnements » de guérison au sein de la communauté des chrétiens.

Si vous souhaitez approfondir ce sujet des « thérapies de conversion », je vous conseille le documentaire « Homothérapies, conversion forcée » (Pour rappel, la Communauté de l’Emmanuel est mentionnée dans ce reportage comme accueillant l’association Courage qui entend soigner les homosexuels) de Arte et le livre de mon ami Jean Michel Dunand « Libre de la honte à la lumière » sur son expérience en tant que catholique homosexuel victime de ces pratiques obscures.

Partisane de la « Manif pour tous »

Tout le monde se souvient de ces manifestations contre la proposition de loi Taubira visant à ouvrir les unions civiles aux couples du même sexe.

« Et la Communauté de l’Emmanuel, qui n’est pourtant pas parmi les associations organisatrices de La Manif pour tous, publie dans sa librairie un numéro spécial de sa revue l’1visible, entièrement consacré à la manifestation du 24 mars. Elle est également éditrice d’Elizabeth Monfort, une des têtes pensantes de La Manif pour tous. » (Source : Le Monde)

Chaque été, la Communauté de l’Emmanuel organise ce qu’elle appelle des « Rencontres de prière » à son siège de Paray-le-Monial, où l’on peut croiser notamment Frigide Barjot, égérie des anti-mariage gay.

On retrouve la Communauté de l’Emmanuel autour du collectif Homovox lancé en 2012 autour de Xavier Bongibault et conseillé pour son site web par Jean-Baptiste Maillard membre et salarié de la Communauté comme l’indique le journal Le Monde dans son article « Derrière la grande illusion de la Manif pour tous ». L’objectif affiché par ce site est de donner la parole à la « majorité silencieuse homosexuelle » comme l’indique sa cofondatrice Nathalie de Williencourt. Pour elle, la plupart des homosexuels ne se reconnaissent pas dans ce qu’elle appelle « les lobbys gays » et Homovox.com souhaite leur donner la parole. (Source : Famille chrétienne). Sauf que plusieurs blogueurs ont accusé le site d’utiliser des acteurs pour produire des faux témoignages vidéo comme l’indique le journal Le Monde.

Toujours dans l’article de Le Monde « Derrière la grande illusion de la Manif pour tous », on apprend que « L’attachée de presse de la Manif pour tous, Ludovine de la Rochère, auteur d’un livre sur le professeur Jérôme Lejeune, icône des anti-IVG, publié dans une maison d’édition qui appartient à la Communauté de l’Emmanuel. Un autre nom proche de la Communauté est situé dans le paragraphe suivant Emmanuel Sapin. « On le retrouve également dans des colloques hostiles à l’avortement. Ce dernier intervenait en 2009 dans un colloque organisé par la Communauté de l’Emmanuel, qui a pour but l’évangélisation catholique « au quotidien ». La lutte contre les théories du genre a également lieu comme l’indique la suite de l’article « Autre site intriguant, celui de l’association Nouveau féminisme européen. Ce mouvement présidé par Elisabeth Montfort, ancienne députée européenne du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, a pour but de lutter contre les théories du genre en Europe. Mme Monfort, pour sa part, s’élevait en 2002 contre la « banalisation de l’avortement » dans l’UE. Là aussi, on peut relever que le créateur du site du Nouveau féminisme européen, Pierre-Marie Bouter, et sa société, Clasis, ont également réalisé celui d’Alliance Vita, mais aussi le site de la Communauté de l’Emmanuel. »

Ironie du sort, quelques années après ces manifestations, des enfants de La Manif pour tous se découvrent homosexuels ou bisexuels et regrettent leur participation à cet évènement. Pour en savoir plus : article de Rozenn Le Carboulec publié le 31 janvier 2021 « Moi je ne voulais pas insulter les gens » : des enfants de la Manif pour tous face au souvenir des défilés ».

Proximité avec les mouvements « pro-vie » (ou anti-choix)

Cela fait maintenant plus de deux ans que je suis jeune converti et que je fréquente le milieu chrétien qui m’était jusqu’alors étranger. Je suis toujours interloqué par ceux qui disent défendre « la vie humaine » en luttant contre le droit à l’avortement alors que ce sont généralement les mêmes qui poussent des personnes homosexuelles à un écartèlement intérieur et à une souffrance psychique incommensurable. Mon expérience au contact de ces personnes, me pousse à mettre en évidence un paradoxe profond, une ambivalence dans les convictions ambivalentes de « ces chrétiens défenseurs de la vie ». Ces « fanatiques » du respect à tout prix de la vie, ne sont pourtant pas les premiers à manifester pour l’accueil dans la dignité des migrants ou pour la fraternité avec nos frères musulmans. L’argument du respect de toute forme de vie ne peut avoir du sens que s’il est réellement pour toutes les formes de vie humaine. Culpabiliser des jeunes femmes pour les convaincre de ne pas avorter au nom du respect de la vie, mais obliger des personnes homosexuelles à rejeter leur sexualité ou refuser l’accueil de migrants en grande détresse, c’est au mieux incohérent et au pire une profonde hypocrisie ! Je vous renvoie à mon article sur la pénalisation de l’avortement aux E.U sous l’influence des mouvements chrétiens, dans lequel j’avais exprimé ma colère et mon refus que Dieu soit utilisé pour légitimer des lois réactionnaires et dangereuses pour les femmes. Il est, selon moi, inadmissible d’obliger les chrétiens à porter l’étiquette « Anti-IVG » au nom de la défense d’une identité « chrétienne ». Je rappelle que cette identité « chrétienne » est actuellement instrumentalisée par l’extrême droite pour rallier à sa cause les chrétiens qui se sentent marginalisés dans notre société. Il y a juste à écouter les discours d’Eric Zemmour pour l’entendre marteler que nous devons nous battre pour éviter « une perte de notre identité et notre culture chrétienne face aux étrangers de toute sorte » (Source : La Croix « Nos racines Chrétiennes, de Zemmour au pape François »).

Comme vous pouvez vous en douter, la Communauté de l’Emmanuel est une nouvelle fois au cœur de cette vision « traditionnaliste » de la religion. L’association la plus connue au niveau de la lutte contre l’avortement est Alliance-Vita fondée par Christine Boutin. Je tiens simplement à rappeler que Madame Christine Boutin, qui défend la famille traditionnelle, a tenu des propos « douteux » sur RMC indiquant que la France « est envahie de gays » et que « l’homosexualité est une mode ». Ancienne présidente du Parti chrétien-démocrate elle avait été condamnée en première instance à 5000 euros d’amende pour des propos tenus en 2014 dans la revue Charles où elle avait qualifié l’homosexualité « d’abomination ». Elle serait liée à la Communauté de l’Emmanuel comme l’indique le site Golias. L’association Alliance Vita s’est fait connaître du grand public en 2020 lors d’une vaste campagne d’affichage anti-IVG et anti-PMA à la gare du Nord à Paris. Elle avait même obligé la maire Anne Hidalgo à faire retirer ces affiches pour « éteindre l’incendie ». Les slogans affichés étaient les suivants : « La société progressera à condition de respecter la maternité » « La société progressera à condition de respecter la paternité » « La société progressera à condition de respecter la vie ». Cette association pratique une campagne de communication agressive sur internet, obligeant le gouvernement à réagir en 2015 en lançant un site internet et un numéro vert pour contrer les sites « pro-vie » comme ivg.net ou encore ecouteivg.org. Ces deux sites aux apparences trompeuses, ont en réalité été conçus par Cephas propriété de Pierre Gauer, qui est également le webmaster du site d’Alliance Vita opposé à l’avortement, à l’euthanasie et au mariage homosexuel. (Source : Le Monde article « Comment les anti-avortement pratiquent la désinformation sur le Web » publié par Samuel Laurent le 28 septembre 2015). Sur ces sites, derrière une apparence d’aide aux jeunes femmes qui se posent des questions sur leur maternité, il y a une forme de manipulation qui se met en place avec des témoignages, informations et articles visant à mettre en avant les risques de l’avortement. Il y a plus de 90 noms de domaines enregistrés par M.Gauer, l’objectif est clair : inonder le Web pour accroitre la visibilité du mouvement anti-IVG.

Le média indépendant Basta affirme que « sur les questions bioéthiques et de mœurs, l’Emmanuel se positionne sur la même ligne qu’Emeraude Solidaire : la communauté donne régulièrement la parole à Alliance Vita, au mouvement politique Sens commun ou encore à François-Xavier Bellamy, élu LR ouvertement opposé au mariage pour tous et à la PMA. »


Retour à l’évangile

Pour terminer cet article, je tiens à rappeler les propos du pape François lors de son passage en Hongrie. Si je garde encore foi dans l’Église malgré tous ses dysfonctionnements c’est en grande partie grâce à cet homme qui nous rappelle chaque jour ce que signifie « être chrétien » : aimer son prochain comme Jésus nous a aimé ! Il a tenu les propos suivant lors de son passage en Hongrie : « Devant la diversité culturelle, ethnique, politique et religieuse » « nous devons nous ouvrir à la rencontre avec l’autre et cultiver ensemble le rêve d’une société fraternelle ». Lors de sa rencontre avec des Roms en Slovaquie, il a également rappelé que les chrétiens doivent aller « au-delà de leur préjugés ». Là se trouve pour moi le vrai message de l’évangile et de Jésus.

Nous sommes actuellement dans un contexte de crise sanitaire, sociale et écologique. La montée de l’extrême droite se fait ressentir à tous les niveaux de la société et le paysage médiatique semble pencher de plus en plus à droite de l’échiquier politique. Une haine et un rejet de l’Islam s’imposent dans le débat public comme une protection obligatoire « pour défendre ce qui ferait notre identité Française », à savoir notre « identité chrétienne ». Je tente avec cet article, d’attirer notre attention sur un « hypothétique » dangereux rapprochement entre religion et politique, entre respect de la vie et idéologie, entre foi et « vérité unique ».

Tugdual Derville – délégué général de l’association Alliance Vita qui lutte contre l’avortement, l’euthanasie et l’adoption par les couples homosexuels – défend l’idée d’une « écologie humaine », qui permettrait selon moi, d’entrer dans la sensibilisation au respect du vivant une possible lutte implicite contre l’avortement et l’euthanasie. Je défends, de mon côté, « une écologie cohérente » et protectrice de l’ensemble du vivant. Une écologie qui fait appel à la raison et au bon sens, loin du dogme religieux et de la doctrine de certaines communautés. Je me retrouve dans la plupart des mots du pape François dans son encyclique « Laudato si » sur la sauvegarde de la maison commune « Laudato si’, mi’ Signore », « Loué sois-tu, mon seigneur », chantait Saint François d’Assise. Dans ce beau cantique, il nous rappelait que notre maison commune est aussi comme une sœur, avec laquelle nous partageons l’existence, et comme une mère, belle, qui nous accueille à bras ouverts : « Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la terre, qui nous soutient et nous gouverne, et produit divers fruits avec les fleurs colorées et l’herbe ». Cette sœur crie en raison des dégâts que nous lui causons par l’utilisation irresponsable et par l’abus des biens que Dieu a déposés en elle. Nous avons grandi en pensant que nous étions ses propriétaires et ses dominateurs, autorisés à exploiter. La violence qu’il y a dans le cœur humain blessé par le péché se manifeste aussi à travers les symptômes de la maladie que nous observons dans le sol, dans l’eau, dans l’air et dans les êtres vivants. C’est pourquoi, parmi les pauvres les plus abandonnés et maltraités, se trouve notre terre opprimée et dévastée, qui « gémit en travail d’enfantement ». Nous oublions que nous-mêmes, nous sommes poussière. Notre propre corps est constitué d’éléments de la planète, son air nous donne le souffle et son eau nous vivifie comme elle nous restaure. Rien de ce monde ne nous est indifférent ». Éduquer les jeunes à la protection du vivant, au respect de notre mère la Terre. Elle est là, selon moi, la voie à suivre !

Lors de mes rencontres avec des jeunes catholiques traditionnels, j’ai pu entendre des propos comme « le problème de la France c’est les musulmans » « les migrants apportent avec eux l’Islam, et avec lui le terrorisme » « Zemmour c’est la solution pour rendre à la France sa grandeur d’antan, à l’époque où la religion chrétienne dirigeait la France ». Ces préjugés et ces stéréotypes sont alimentés par des médias, la plupart appartenant à l’empire Bolloré, ou des influenceurs d’extrêmes droites qui surfent sur le mal-être et la crise identitaire de cette génération catholique en perte de repères. Face à l’instrumentalisation de la religion par l’extrême droite, face à la montée du racisme, face au rejet des migrants, le pape nous rappelle encore une fois ce que demande le Christ. Le 6 décembre 2021, en visite à Lesbos, il a adressé au monde un message cinglant sur la question migratoire « Arrêtons ce naufrage de civilisation ! Je suis là pour voir vos visages, pour vous regarder dans les yeux. Des yeux remplis de peur et d’attente, des yeux qui ont vu la violence et la pauvreté, des yeux embués par trop de larmes. Ce n’est pas de l’idéologie religieuse, ce sont les racines chrétiennes concrètes. Jésus affirme solennellement qu’il est là, dans l’étranger, dans le réfugié, dans celui qui est nu et affamé. » Je m’aligne sur les propos tenus par le député européen Raphael Glucksmann à propos de la déclaration du pape : « J’espère que tous ceux qui nous rappellent tous les jours les racines chrétiennes de l’Europe auront pris quelques minutes pour écouter attentivement les mots du Pape sur les réfugiés. Parce que c’était un peu plus en phase avec le message du Christ que leur xénophobie… ». Merci François de nous ramener à la raison et à l’essence même du message de l’évangile.

Je tiens à préciser que j’ai réalisé ce travail de recherche et d’écriture en m’appuyant sur des articles et des informations sourcées de médias reconnus. Cet article a pour objectif de permettre à chacun de se faire son opinion sur cette situation. Notre Eglise a besoin d’un renouveau, et si possible pas trop charismatique !


Si vous souhaitez découvrir la suite de cette série « Anges et démons » :


Bibliographie :

https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/Le-Renouveau-charismatique-cest-quoi-2017-06-02-1200852062

https://www.lepoint.fr/societe/dans-le-var-mgr-rey-eveque-de-la-reconquete-catholique-03-11-2017-2169543_23.php

Pédophilie dans l’église Catholique: 25 évêques ont couverts des abus sexuels [Enquête]

https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/25-eveques-auraient-methodiquement-couvert-des-pretres-pedophiles-selon-mediapart-7787748110

https://www.mediapart.fr/journal/france/200317/vingt-cinq-eveques-ont-couvert-des-abus-sexuels

https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/un-pretre-suspendu-par-l-eveque-du-mans-pour-comportement-inapproprie-1575992852

https://www.liberation.fr/economie/medias/c8-tente-le-tube-catholique-20210815_U7T7RWKFSVGR3P2AAGVMOHTKLE/

https://www.lemonde.fr/societe/article/2013/03/21/manif-pour-tous-la-grande-illusion_1850515_3224.html?fbclid=IwAR1c1cATmVW525Ja9WT-_Fyuwo_vYcLUl5LHb8AUNIUm-GEog8gh9Kcn6rA

https://www.huffingtonpost.fr/entry/therapies-de-conversion-torrents-de-vie-courage-france-jean-loup-adenor-infiltre-lgbt_fr_5dd537fce4b0fc53f20bdccf?fbclid=IwAR0Ix_vxPYbHNqEpR5idvtyAfzH0zoTfzfoJB-3pVv7nSsNqo_D3oYpEb8E

https://www.la-croix.com/Debats/LEglise-face-sexualite-devoir-dinterpreter-2021-03-23-1201147218

https://www.franceinter.fr/emissions/l-instant-m/l-instant-m-du-vendredi-19-novembre-2021

https://fr.aleteia.org/2020/10/01/le-padreblog-fait-sa-rentree-avec-une-equipe-largement-renouvelee/

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Un avis sur « Anges et démons 1 : La communauté de l’Emmanuel, l’extrême droite et Vincent Bolloré ! »

  1. Je ne suis ni croyant ni anti-religieux et je Respecte les différences…
    Bravo pour l’objectivité, enfin du réalisme face à tout ces devoyements..
    Merci de remettre les choses à leurs places

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